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Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/146

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À MADAME DORVAL

SONNET[1]

Si des siècles mon nom perce la nuit obscure,
Ce livre, écrit pour vous, sous votre nom vivra.
Ce que le temps présent tout bas déjà murmure,
Quelqu’un, dans l’avenir, tout haut le redira.
D’autres yeux ont versé vos pleurs. Une autre bouche
Dit des mots que j’avais sur vos lèvres rangés.
Et qui vers l’avenir (cette perte vous touche),
Iront de voix en voix moins purs et tout changés.
Mais qu’importe ! Après nous ce sera pire chose ;
La source en jaillissant est belle, et puis arrose
Un désert, de grands bois, un étang, dés roseaux ;
Ainsi jusqu’à la mer où va mourir sa course.
Ici, destin pareil. Hais toujours à la source,
Votre nom bien gravé se lira sous les eaux.

26 juillet 1831.

Marie Dorval, un volume anonyme. In-douze, 1868. (Par M. E. Coupy.)

  1. Ce sonnet accompagnait l’envoi du manuscrit autographe et de la brochure imprimée de la Maréchale d’Ancre, pièce écrite pour madame Dorval, et crée pourtant par mademoiselle Georges. Une autre pièce de vers adressée à madame Dorval, écrite par Alfred de Vigny sur un exemplaire du More de Venise, est encore. citée dans le livre de M. Coupy. Mais elle est empruntée par lui au Journal d’un Poète.