Page:Spronck - L’an 330 de la République.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La citoyenne Paule Bonin avait été jolie : mais, à trente-quatre ans, elle ne l’était plus. Comme la plupart de ses contemporains ou contemporaines, la fâcheuse obésité l’avait frappée fort jeune, et elle n’avait pas tardé à atteindre une amplitude qui, dans une civilisation moins parfaite, lui eût rendu l’existence impossible. Un système de corsetage savant la cuirassait des genoux jusqu’aux épaules, comprimant les cuisses, refoulant le ventre, étayant la taille, ramenant la poitrine, soutenant les bras, tandis que, au-dessus de cet ensemble amorphe, les joues et le menton couperosés descendaient en plusieurs étages. Les yeux et le front seuls avaient une beauté puissante, pour ainsi dire spirituelle : les yeux profonds et brillants de vie entre les paupières lourdes : le front plein de pensée,