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LA SUNAMITE.

ÉLISÉE.

Un grand malheur l’a troublée.

GUEHAZI.

Je le craignois.

ÉLISÉE.

Une promesse avoit été faite à l’Éternel, et la Sunamite ne l’a point accomplie : la vanité s’est emparée de son âme, et en a chassé la crainte du Tout-Puissant. Malheureuse mère ! je la plains. Quand les méchans sont punis, mon âme en devient plus forte ; je sens le bras de l’Éternel qui les frappe et nous soutient. Mais quand la foudre tombe sur le foible, le serviteur de Dieu est lui-même épouvanté.

GUEHAZI.

Ô mon père ! si toi aussi tu redoutes les jugemens du Très-Haut, quel homme oseroit se présenter sans crainte devant ses autels ?

ÉLISÉE.

Guehazi, tu n’as pas connu mon maître. Que suis-je auprès d’Élie, de ce saint homme qui a porté la terreur sur le trône d’Israël, et fait trembler les rois coupables ? L’âme de ce divin prophète étoit plus digne que la mienne d’être le sanctuaire du Très-Haut. Néanmoins