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LA SUNAMITE.

fant, ne lui dirois-tu pas qu’elle peut le revoir un jour ?

ÉLISÉE.

Mon fils, je n’ai point reçu du ciel la mission d’annoncer une seconde vie après la mort. Imite mon silence.

GUEHAZI.

Mon père, tes commandemens me sont sacrés comme s’ils étoient prononcés par l’Éternel lui-même, sur le mont Sinaï. Les passions de ma jeunesse s’apaisent à ta voix ; et, loin de me plaindre de la vie que nous menons ensemble sur les montagnes et dans les déserts, je voudrois ajouter encore aux austérités que nous bravons, pour me rendre plus digne d’être ton disciple.

ÉLISÉE.

Mon fils, supportons les souffrances nécessaires pour convaincre les hommes de la vérité de nos paroles ; mais n’ajoutons rien à ce qu’il faut : ne souhaitons pas même que nos misères soient agravées, car l’orgueil pourroit s’y complaire ; l’orgueil, le plus grand crime de l’homme envers le ciel. C’est ainsi que la Sunamite… Mais la voilà ; c’est elle que j’aperçois là-bas, venant à nous, pâle, les cheveux épars. Ah !