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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/150

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Mme DE KERNADEC.

J’étois si enfant alors, monsieur de Kernadec, qu’il est bien naturel que je ne m’en souvienne pas distinctement.

LE CAPITAINE.

Si enfant ! vous aviez ; alors vingt ans ; vous êtes de la même année que cette pauvre Junon, le meilleur voilier qui soit jamais entré dans le port de Saint-Malo ; et je me souviens même que, peu de jours après notre mariage, on la fit raser pour en faire un ponton.

Mme DE KERNADEC.

Laissons cela, de grâce. Écoutez-moi : votre fille a seize ans, et elle voudroit se marier.

LE CAPITAINE.

C’est trop tôt.

Mme DE KERNADEC.

Mais elle aime un jeune homme aimable et spirituel.

LE CAPITAINE.

A-t-il eu quelque aventure remarquable ?

Mme DE KERNADEC.

Non pas précisément ; cependant quelques-unes de ses pièces ont fait effet.