Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/179

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LE CAPITAINE, à part.

Encore Masulipatnam ! Je crois que j’en perdrai la tête. (à Sabord, qui chancelle sur sa jambe de bois.) Prends donc garde, tu vas tomber.

SABORD.

N’ayez pas peur ; six ans d’habitude, et cela ne paroît plus rien. À présent je ne saurois plus que faire de deux jambes, même pour courir après ma femme. Je vais vous l’envoyer, elle sera ici dans un instant


Scène II.


LE CAPITAINE, seul.

Suis-je donc devenu fou ? il me parle de sept années dont je n’ai aucun souvenir : sept années qui ont passé comme un jour ! Mais qu’est-ce que cela signifie ? Suis-je malade ? ai-je la fièvre ? Capitaine Kernadec, tu n’es pas accoutumé à philosopher ; on ne perd pas son temps à cela, à la guerre. Mais il faut pourtant que tu saches si tu as sept ans de plus ou de moins ; s’il t’est vraiment arrivé ce qu’on te raconte. Enfin, il n’y a pourtant pas besoin d’être savant ou sorcier pour être sûr qu’on existait ou qu’on n’existoit pas. Voici Nérine,