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Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/240

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M. DE LA MORLIÈRE.

Oui, si je te laissois faire, tu épouserois ce jeune peintre, Frédéric Hoffmann, qui n’est jamais sorti de Berlin, qui ne s’entend qu’aux beaux-arts.

SOPHIE.

Frédéric est simple et naturel ; il est fier et modeste tout ensemble ; sa grâce est celle de tous les pays et de tous les rangs, parce qu’elle vient de la supériorité de l’esprit et de l’âme.

M. DE LA MORLIÈRE.

Il ne nous feroit pas honneur en France ; et ne faut-il pas enfin retourner une fois dans nos foyers glorieusement comme nous en sommes sortis ?

SOPHIE.

Quoi ! mon père, vous voudriez quitter les lieux où vous êtes né ?

M. DE LA MORLIÈRE.

Il est vrai que je suis né ici ; mais la naissance est un accident qui ne compte pas dans la vie d’un homme : ma vraie patrie, c’est la France. La France, la France ! je m’ennuie partout ailleurs.