Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/248

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M. DE LA MORLIÈRE.

Que voulez-vous dire ?

LE COMTE.

Un peu trop fort.

M. DE LA MORLIÈRE.

Hélas ! mon Dieu, c’est bien vrai. Mon grand père m’en avertissoit toujours ; mais c’est que j’ai tant de zèle à parler le françois, que je crains toujours de ne pas le faire assez bien entendre.

LE COMTE.

Ah ! c’est tout simple ; mais quand nous aurons passé quelque temps ensemble, vous le parlerez comme moi, d’une façon légère et rapide. Le roi de Prusse, par exemple, le croiriez-vous ? le grand Frédéric ne parle pas comme un François. Ce qu’il dit est bien ; mais il n’y a pas d’aisance dans ses phrases ; il prononce lentement ; on diroit qu’il réfléchit en parlant, et cela n’a pas du tout de grâce.

M. DE LA MORLIÈRE.

Et M. de Voltaire, qui est à présent à la cour de notre roi, comment l’avez-vous trouvé ?

LE COMTE.

Si vous voulez que je vous parle franche-