Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
DANS LE DÉSERT.

renouvellent seuls pour moi, et les peines de la vie disparoissent J’aperçois les bords du Nil ; l’air est rafraîchi par ses flots ; il n’y a plus de chaleur : d’où vient que je la redoutois tant, la chaleur ? C’étoit le froid qu’il falloit craindre, c’est le froid qui est mortel ; il vient glacer mes veines. Je frissonne, je tremble ; c’en est fait. (Elle s’évanouit.)

(Une musique céleste se fait entendre.)
Agar.

Ah ! quels sons enchanteurs ! Suis-je déjà passée dans une autre vie ? est-ce ici le Paradis ? Non, je n’y vois point mon fils.

(La musique continue ; un ange apparoît derrière un nuage.)

L’ange.

Agar, Agar !

Agar.

Quels accens ! quelle voix !

L’ange.

Agar, pourquoi t’affliges-tu ? l’Éternel a entendu les pleurs de ton enfant.

Agar.

Mon enfant est-il déjà dans le ciel ? Est-ce lui qui m’appelle ? a-t-il redemandé sa mère, et le Tout-Puissant me fait-il ouvrir, à cause de lui, les parvis célestes ?