Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/351

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qui doivent jouer du luth et de la lyre ; il me reste assez de ce talent que j’ai perdu pour remplir une place obscure auprès de toi. Alors je le verrai passer quand il te donnera la main pour aller à quelque fête. Je le verrai, Cléone, et je te bénirai de l’avoir permis.

CLÉONE.

Ah ! ma mère, se peut-il que j’entende de semblables paroles !

DIOTIME.

Sapho, ne déchirez pas le cœur de ma fille ; vous le voyez, elle ne peut résister aux émotions violentes que votre génie vous donne la force de supporter, et je la vois prête à expirer sur mon sein.

SAPHO.

Ah ! de quoi se plaint-elle ? a-t-elle le droit de verser des larmes, elle qu’il aime ! et peux-tu me demander ma pitié pour l’heureuse femme que Phaon a préférée ? Ah ! la pitié ! c’est à moi quelle est due ; cependant je ne la demande plus. Cléone, adieu.

CLÉONE.

Sapho, refuses-tu le bras de Cléone ?