Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/357

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SAPHO.

Non, je te pardonnerai, si c’est à moi que tu dois ton bonheur.

PHAON.

Tu me pardonneras ; mais que deviendras-tu ?

SAPHO.

Mon sort ne peut être changé, et les dieux ont prononcé sur moi l’arrêt irrévocable ; mais il y a des sentimens doux qui peuvent encore faire du bien à mon cœur.

PHAON.

Sapho, dispose de moi. Étonné que je suis de ne plus t’appartenir, j’aime à penser que ma destinée est encore soumise à ton pouvoir.

SAPHO.

Arrête, ne me dis rien de sensible, Phaon ; il me faut de la force ; il m’en faut beaucoup : ne me l’ôte pas.

PHAON.

Je me tais.

SAPHO.

Adieu, Phaon ? Cléone va venir ; je la verrai sans colère : elle fut élevée par moi ; tu croiras retrouver dans son langage quelques traits de Sapho. Phaon, ne repousse pas ce souvenir ;