Sapho, ton génie t’élève au-dessus du sort ; mais je redoute en toi les sentimens qui peuvent troubler les lumières de ta raison.
Ces sentimens ne consument que la vie ; mais ce que j’ai reçu d’Apollon, l’étincelle dont il a pénétré mon âme ne peut s’éteindre, tant que mes vers subsisteront.
Ah ! si, dégagée des passions terrestres, tu veux enfin te vouer à ce dieu dont tu reçus tant de bienfaits, les secrets mêmes de l’univers peuvent un jour t’être révélés.
Le secret de l’univers, Alcée ! c’est l’amour et la mort. Crois-tu que je ne connoisse pas l’un et l’autre ?
Nous nous retrouverons, Sapho, dans ces Champs-Élysiens, dans ce séjour des ombres, où ton maître, Apollon, ne conduit jamais son char ; et peut-être alors ne dédaigneras-tu pas l’hommage que je t’ai vainement offert.
Alcée, je suis touchée de ta noble amitié : je