Mon enfant, ce n’est pas moi, c’est l’envoyé du ciel qui a fait jaillir cette source du rocher : c’est lui qui a ranimé ta vie défaillante. Ah, divin messager ! pardonne ; j’ai d’abord serré mon fils contre mon cœur ; j’ai joui de tes bienfaits avant de t’en remercier. (Elle se met à genoux avec son enfant.)
Agar, lève-toi, prends ton fils par la main, et suis-moi, je serai ton guide. Agar, Ismaël sera la tige d’un grand peuple, souverain de ces déserts de l’Arabie où tu périssois avec lui. Ce peuple n’habitera point les villes, il ne possédera que son arc et ses flèches, il se défendra contre les hommes et contre les bêtes de proie, et n’obéira qu’au ciel d’où je suis descendu pour te sauver. Reçois, ô femme, la leçon du bonheur, après avoir éprouvé celle de l’infortune ; élève ton fils dans la crainte et dans l’amour du Très-Haut ; et quand la vieillesse épuisera tes forces, Ismaël n’oubliera pas qu’il doit la vie à tes larmes ; et sa main guerrière soutiendra tes pas chancelans.