fant qui, sans moi, n’en connoîtroit pas même le nom. Va, laisse-moi ! va chercher les compagnons de tes jeux. Laisse-moi !
Scène III.
Malheureuse Geneviève, voilà le fruit de ton crime ! Dix ans n’ont pu me rendre le calme ; dix ans n’ont fait que donner à mes chagrins un caractère plus fort et plus sombre. Je hais le sort qui m’a choisi pour subir de tels affronts ; je ne puis rien trouver de tendre au fond de mon âme. L’outrage dessèche le cœur. Si j’avois pu douter, si j’avois eu des remords ! oui des remords, je les envie, ils me seroient moins amers que les fureurs qui m’agitent. Si j’avois pu me repentir, dans ce moment du moins je l’aurois crue innoncente ; je l’aurois crue fidèle ! mais cette image qui me poursuit ne cesse d’irriter ma colère, et, cent fois le jour, je donne de nouveau la mort à cet objet coupable, dont le cœur a trahi tant d’amour.
Quelle est cette femme qui s’avance, le visage couvert d’un voile ? Sa marche est tremblante. Je devrois aller vers elle. Mais pourquoi témoigner de la pitié à une femme ? En a-t-elle eu pour moi, celle qui pénétra mon