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Page:Staël - Réflexions sur le procès de la Reine, 1793.pdf/26

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Autrichiens ? sans doute qu’en remettant entre les mains de l’Empereur, la Reine et ses enfans, on obtiendroit beaucoup du petit-fils de Marie-Thérése, et l’Europe entiere est tellement attachée par l’étonnante histoire de ces victimes infortunées, qu’en faisant cesser leurs malheurs, on soulageroit tout ce qui pense ; mais quand des considérations politiques détourneroient les Puissances de céder à la seule voix du sentiment, quelle honte pour les Français de condamner la Reine parce qu’elle seroit sans défense ! ils auroient accordé sa vie à la terreur, ils la refuseroient à la justice, et leur dépit atroce et pusillanime s’exerceroit sur une femme après s’être assuré qu’elle restoit sans appui. Non, je ne puis le croire, non le passé quel qu’il soit, ne donne point encore l’idée d’une telle action ! mais les inspirateurs de cet attentat ignoreroient-ils ce qu’ils ajouteroient à l’énergie de l’armée des Autrichiens par la nouvelle du supplice de Marie Antoinette ? ce qui a doublé la force des troupes françaises depuis un an, ce qui rend les guerres civiles plus sanglantes que toutes les autres, c’est que chaque soldat fait plus qu’obéir, il combat par sa propre impulsion, pour le succès de son sentiment individuel, hé bien, vous auriez créé parmi les