Page:Stace, Martial - Œuvres complètes, Nisard.djvu/354

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Gétulie, dont les sables ne suffisent point à tant de coupables ! Le délateur subit l’exil qu’il faisait naguère subir aux autres.

5. — au peuple romain sur ces mêmes délateurs.

Le délateur proscrit fuit loin de Rome ; la vie nous est rendue : tenons compte à César de ce nouveau bienfait.

6. — sur le spectacle de pasiphaé.

Croyez que Pasiphaé s’est accouplée avec le taureau de Crète ; nous en avons vu un exemple. Que l’antiquité cesse donc, ô César, de n’admirer qu’elle. Tout ce que la renommée nous en a dit, la scène le reproduit devant tes yeux.

7. — sur un combat de femmes avec des animaux.

César, ce n’est pas assez que l’invincible Mars déploie pour toi sa valeur ; Vénus elle-même se mêle aux combats.

8. — sur le même sujet.

La renommée célébra le glorieux exploit d’Hercule, terrassant dans une vaste vallée le lion Néméen. Que l’antique crédulité se taise ; car dans cet amphithéâtre, témoignage de votre munificence, ô César, nous avons vu un pareil miracle accompli par la main d’une femme.

9. — sur un condamné donnant une représentation véritable du supplice de lauréolus.

Tel Prométhée, enchaîné sur un roc, en Seythie, nourrit de ses entrailles renaissantes l’insatiable vautour, tel ce Lauréolus, attaché à une véritable croix, vient d’offrir sa poitrine nue à un ours de Calédonie. Ses membres déchirés palpitaient, inondés de sang, et son corps tout entier n’était plus un corps. Soit qu’il eût assassiné son père, égorgé son maître, ou dérobé, dans sa fureur sacrilège, l’or de nos temples, soit qu’il eût tenté d’incendier Rome, le scélérat avait sans doute surpassé les crimes dont parle l’antiquité, et ce qui ne fut jadis qu’une fiction devint ici un supplice réel.

10. — sur la fable de dédale.

Dédale, quand tu es ainsi déchiré par un ours de Lucanie, que tu voudrais alors avoir tes ailes !


11. — sur un rhinocéros.

C’est pour vous, César, que ce rhinocéros exposé dans l’arène a combattu au delà de ce qu’il promettait. Comme il baissait la tête ! combien sa fureur était terrible ! Quelle force il y avait dans cette corne pour laquelle un taureau n’était qu’un manequin !

12. sur un lion qui avait blessé son maître.

Un lion ingrat et perfide avait mordu et blessé son maître ; il avait osé ensanglanter les mains qu’il devait si bien connaître : mais il paya la peine d’un tel forfait, et souffrit patiemment des traits, lui qui n’avait pu souffrir des coups. Quelles doivent être les mœurs des citoyens sous un prince qui force jusqu’aux bêtes féroces à s’adoucir ?