Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/89

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devons nous réjouir bien plus que de la tranquillité de notre âme, de l’aisance et de la santé du corps, car l’état de l’âme est sans contredit mauvais chez celui qui n’endure jamais les souffrances morales et les maladies corporelles, surtout dans l’abondance des biens matériels. Le cœur engendre alors d’une manière imperceptible toute sorte de péchés et de passions et expose l’homme au danger de subir la mort spirituelle.[1].

Une vérité terrible. Les pécheurs qui sont morts dans l’impénitence perdent après leur mort toute possibilité de devenir meilleurs, et, par conséquent, restent inaltérablement voués aux tourments éternels (le péché ne peut faire autrement que tourmenter). Où en est la preuve ? La preuve tout-à-fait évidente se trouve dans l’état même de certains pécheurs et dans le caractère propre du péché qui consiste à faire de nous ses esclaves, en nous interdisant toutes les issues qui pourraient nous délivrer de notre captivité. Personne n’ignore combien il est difficile pour le pécheur, sans une grâce particulière de Dieu, d’abandonner sa voie favorite, la voie du péché, et de revenir à la vertu ! Quelles racines profondes le péché fait pousser dans notre cœur, quel point de vue exceptionnel et faux sur toutes choses il nous suggère, pour les faire apparaître à nos yeux sous un tout autre aspect que celui qu’elles ont en réalité, sous un aspect, pour ainsi dire, magique ! C’est pourquoi nous voyons très souvent que ceux qui passent leur vie dans le péché ne pensent même pas à se convertir et ne croient pas être de grands coupables. C’est l’amour-propre et l’orgueil qui les empêchent de le reconnaître, et, s’il arrive même qu’ils se reconnaissent pour tels, ils se livrent à un désespoir infernal qui propage dans leur raison une

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