Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/90

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obscurité profonde et endurcit leur cœur. Si Dieu nous refusait sa grâce, quel coupable se serait converti à Dieu, la propriété du péché étant de nous entourer de ténèbres, de nous lier les mains et les pieds ? Mais le temps et le lieu où le Seigneur accorde sa grâce divine ne se trouve qu’ici-bas, tant que l’homme est encore en vie ; après la mort, les prières seules de l’Église peuvent agir, et cela seulement pour les âmes des pécheurs repentis, et pour ceux dont l’âme est susceptible de recevoir la rémission des peines, ayant emporté avec elle la lumière de bonnes actions capables de mériter la grâce de Dieu ou l’efficacité des prières de l’Église.[1].

— Quant aux pêcheurs morts dans l’impénitence ils sont inévitablement les fils de la perdition. Si je consulte ma propre expérience, lorsque je me trouve dans les chaînes du péché, je remarque que je souffre parfois toute une journée et ne puis me convertir de tout mon cœur, parce que le péché m’endurcit et me rend indigne de la pitié du Seigneur. Je brûle comme dans un feu, mais je continue à y rester comme si ce feu me faisait plaisir. Et cependant je sens que le péché a paralysé mes forces, que mon âme est enchaînée, et que je ne puis me donner à Dieu, jusqu’au moment où le Seigneur, voyant ma faiblesse, mon humilité et mes larmes, me prendra en pitié et m’enverra sa grâce. Ce n’est pas en vain que l’homme adonné au péché est appelé homme lié par les chaînes de l’enfer.[2]

— Celui qui commet un mal ou qui se laisse entraîner par une passion quelconque est déjà puni par le mal

  1. Le Père Jean parle ici du Purgatoire, que les théologiens russes appellent ἅδης, infernum (cf. Maltzew, Die Sacramente der orthodox-katholischen Kirche des Morgenlandes. Berlin ; 1898. P. CXXVIII).
  2. Page 43.