Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/110

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tempêtes ; qui détruisent les habitations sur terre et les vaisseaux sur mer. En d’autres occasions, l’ennemi profite d’un temps humide, et, se dissimulant dans l’humidité et dans les vapeurs, il nous tourmente intérieurement, nous appesantit, nous opprime, nous engourdit d’un froid qui nous rend insensibles à tout ce qui est vrai et saint. Oh ! les embûches du prince des ténèbres sont incalculables et il est bien difficile de les découvrir ![1].

— Une tentation particulière survient quelquefois dans le chagrin, — c’est l’endurcissement, l’engourdissement, la froideur du cœur pour tout ce qui est vrai, bon et saint. On se sent devenu comme une pierre, comme une bûche, on reste sans foi, sans envie de prier, sans amour, sans espérance en la miséricorde de Dieu. Or, il est bien pénible de ressembler à une pierre ou à une bûche, d’être sans foi et sans amour, quand on est créé pour croire, pour sentir, pour espérer, pour aimer ! Et pourtant, il faut le souffrir avec patience et prier en même temps le Seigneur d’ôter la pierre glaciale qui encombre l’entrée du tombeau de notre cœur, de nous délivrer de notre cœur de pierre, et de nous rendre notre cœur de chair, notre cœur qui est fait pour aimer. Que signifie donc cet endurcissement ou cet engourdissement chez l’homme ? Il nous montre la présence du démon dans notre cœur, oui, du démon qui, après s’être emparé de lui à cause de notre incrédulité, chasse loin de nous toute bonne pensée et ne la laisse pas pénétrer dans notre cœur, lui arrachant toute foi, tout bon sentiment, et rendant l’homme insupportable à lui-même. C’est un fait qui arrive en réalité chez les hommes. Qu’ils sachent donc ce qu’il signifie pour tâcher d’en triompher.[2].

  1. P. 211.
  2. P. 216.