Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/146

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ditions de l’amour du prochain : la charité est patiente ; elle est bénigne (1 Cor. XIII, 4), car chaque homme est faible, imprudent et tombe facilement dans le péché, mais en même temps il peut facilement découvrir qu’il a mal agi ; il peut se corriger, se repentir, s’il en trouve le moyen. C’est pourquoi il faut être patient pour les faiblesses et les fautes d’autrui, tout comme nous voulons qu’on le soit à notre égard et que l’on ferme les yeux sur nos faiblesses à nous. Cependant, il est des cas, où il faut agir promptement, lorsque le péché devient nuisible aux autres, ou lorsqu’il nous fait manquer à nos devoirs, ou prend des proportions de plus en plus grandes. Alors il faut user de sévérité pour le réprimer et le détruire, même s’il fallait dans ce but éloigner l’homme coupable et nuisible du milieu où il se trouve. Retranchez les méchants du milieu de vous. (1 Cor. V, 13).[1].

— Tout n’est qu’illusion en dehors du véritable amour. Si ton frère agit à ton égard avec négligence, avec dureté, avec arrogance, avec rancune, dis : c’est une illusion qui vient du démon. Si tu ressens contre lui une animosité, à cause de sa négligence ou de son arrogance, dis : c’est une illusion que je me crée moi-même. Car voici la vérité : j’aime mon frère malgré tout, je ne veux voir en lui aucun mal, et si ce mal existe, il n’est qu’une illusion qui provient du démon et qui peut m’envahir aussi. Je ne lui en veux pas, car j’ai aussi bien que lui les mêmes défauts ; notre nature coupable est la même. Mon frère, dis-tu, commet des péchés, il a de grands vices ? Mais tu en as aussi. Il ne mérite pas que je l’aime, dis-tu, pour telle ou telle raison ? Fais-en autant pour toi-même, car ces raisons, ces défauts que tu remarques en lui, ils existent également chez toi. Mais n’oublie pas que nous avons

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