Page:Staerk - Le P. Jean de Cronstadt, vol. I, 1902.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autres pécheurs, nous traitons la parole si légèrement, avec tant de négligence. Existe-t-il au monde une chose pour laquelle nous ayons moins d’estime que pour la parole ? Existe-t-il pour nous quelque chose de plus variable que la parole ? Que jetons-nous à tout instant comme de la boue, sinon la parole ? Oh ! misérables que nous sommes ! Quel don précieux nous possédons et avec quelle inadvertance nous le traitons ! Nous oublions que la parole qui sort d’un cœur plein de foi et d’amour peut opérer le miracle de rendre la vie à notre âme, ainsi qu’à celle des autres, par exemple pendant la prière, pendant l’office divin, pendant le sermon, pendant les sacrements ! Ô chrétiens ! appréciez chaque parole que vous prononcez, soyez attentifs à chacune d’elles ; soyez fermes dans votre parole ; soyez confiants envers la parole de Dieu, ainsi que envers celles des hommes saints, car c’est la vie qu’elles renferment. Rappelez-vous que la parole est l’origine de la vie.[1].

— Les hommes sont devenus incrédules, parce qu’ils ont complètement perdu l’esprit de la prière. Il se peut qu’ils ne l’aient jamais eu. Quoi qu’il en soit, ils ne prient pas le Seigneur. Oh ! ces hommes-là offrent au prince de ce siècle une belle occasion et lui ouvrent un vaste champ pour agir dans leurs cœurs ; aussi, c’est lui qui en est le maître ! Ils n’ont jamais demandé et ne demandent jamais au Seigneur la douce rosée de sa grâce divine, car les dons du Seigneur ne sont accordés qu’à ceux qui les demandent ou qui en possèdent déjà. C’est pourquoi ces cœurs corrompus, privés de la rosée vivifiante de l’esprit divin, se sont desséchés et ont pris feu au contact de la flamme du doute, du scepticisme et des autres passions. Le démon ne cesse d’attiser les passions qui alimentent

  1. Page 196.