Aller au contenu

Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
MAROUSSIA.

se mit à le dévorer avec une sorte de colère. Il l’avait aussi par trop attendu.

À la première bouchée, il avait la mine sévère et farouche d’un guerrier qui n’a aucun souci de caresser son palais ; mais bientôt sa figure commença à s’adoucir. Peu à peu elle s’épanouit et finit par devenir tout à fait resplendissante. Après quelques petits verres de liqueurs de framboises, de fraises, de cerises, de cassis et de kummel, ses yeux prirent une expression caressante, et un sourire béat erra sur ses lèvres.

Le vieux Knich ne se lassait point de lui présenter de nouveaux plats et de nouveaux breuvages. De temps en temps il poussait un petit cri.

« Ah ! quelle idée ! Je me rappelle que j’ai là dans mon garde-manger quelque chose qui vous fera plaisir… Attendez, attendez ! Avec votre permission, je vais vous l’apporter, monsieur Ivan ! Vous m’en direz votre avis ! »

M. Ivan ne résistait pas. Il ne pouvait que secouer un peu la tête comme s’il voulait dire :

« Ça me va ! Mais tout me va dans ce moment !

— Eh bien, Tarass, que fais-tu là ? demanda le vieux Knich, après avoir placé un nouveau flacon devant son hôte. Est-ce le moment de bayer aux corneilles ? À ta place je serais allé voir s’il est temps de donner du foin aux bœufs.

« Croyez-vous, monsieur Ivan, ajouta le vieux, que