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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/189

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PAROLES ET MUSIQUE.

« Ces paysans se battent comme des héros, disait celui-ci.

— Comme des diables d’enfer, répondait un robuste gaillard qui avait le bras en écharpe. S’ils avaient des chefs et de l’instruction, il ne serait pas déjà si facile d’en venir à bout.

— Mourir d’un coup de fourche n’est pas gai pour un soldat, dit un autre. Qui aurait dit à notre pauvre colonel qu’il finirait ainsi : « Quoi ! pas même d’un coup de pique ? » s’est-il écrié en tombant. Peste soit de cette guerre ! Quelles vilaines blessures ; les chirurgiens n’y comprennent rien. Ils sont tous déroutés ; et que de blessés, et que de morts ! Ce sont des loups, de vrais loups enragés. On les croit finis ; pas du tout, ils se relèvent pour vous mordre. Encore deux victoires comme celle-là, et, si des renforts n’arrivent pas, nous ne pourrons pas tenir la campagne.

— Si nos soldats se battaient comme ces gens-là ! dit un vieil officier.

— Ils se battraient comme cela, dit un soldat blessé, s’ils défendaient leurs femmes et leurs enfants, et le toit de leurs pères. »

Comme il était pâle, le pauvre soldat, et quel effort il avait fait en se relevant à demi pour faire entendre une telle vérité à son supérieur ! L’officier lui répondit. Mais le soldat s’en tint là. Il était retombé : il était mort.