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MAROUSSIA

comme s’il se fût parlé à lui-même, mais ce n’est pas une raison pour chanter encore victoire. »

« L’avis était bon et il fut suivi. La jeune femme enterrée dans son foin ne bougea ni ne souffla pas plus que si elle eût été dans la terre. Une demi-heure plus tard, le village, c’était mieux qu’un village, c’était bien une petite ville, se fit voir. La voiture alla droit devant elle tout le long d’une grande rue comme si de rien n’était. Bientôt elle entra par une grande porte dans une cour.

« — Allons, dit alors le vieux homme, Dieu l’a voulu : c’est fait. »

« Ce fut ainsi que la femme du capitaine de bandits fut enfin sauvée.

« On la mena chez des gens aisés et charitables où tout le monde eut soin d’elle jusqu’au moment où son père, désabusé sur le mariage imprudent qu’il lui avait fait faire, vint la reprendre.

« On fit cerner la forêt, espérant prendre les bandits au gîte ; mais il était déjà trop tard, le château était abandonné quand la justice y arriva. Se sentant en danger d’y être découverts, ils n’avaient pas osé y rester.

— Tant pis ! dit l’envoyé ; mais la femme était sauvée, c’était le principal. Ma foi ! ton conte est très-intéressant, et tu as bien fait de me le raconter tout au long. Les bons contes font les chemins plus courts.