Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/214

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est un bouclier de peau d’éléphant, de rhinocéros ou de buffle, orné de dessins blancs et noirs. Il tient sa lance d’une main, de l’autre ses assegayes. Son corps est peint de la couleur de guerre ; il a des clochettes aux genoux et aux chevilles, et aux poignets de nombreux anneaux d’ivoire qu’il entrechoque pour annoncer sa présence. Il a quitté à la fois la houe et l’extérieur du paysan ; c’est maintenant un guerrier plein de fierté et d’enthousiasme, bondissant comme un tigre, et flairant le champ de bataille.

La force, la puissance des Vouagogo vient surtout de leur grand nombre. Il est rare qu’ils fassent partie des caravanes, et leurs villages conservent tous leurs guerriers. Des tribus décimées, ou naturellement faibles, acceptent avec joie d’être admises dans leurs cercles ; les émigrés, les bannis des peuplades voisines trouvent chez eux un refuge, et grossissent la population. Ainsi, dans, le nord, les Vouahoumba sont nombreux ; dans les districts du sud, les Vouahéhé, les Vouakimbou ; ailleurs ce sont des Vouasagara et des Vouanyamouézi. Il faut dire que, dans cette région, ces derniers sont l’équivalent des Écossais : on en trouve partout ; et ils ont, pour se produire et pour se placer au premier rang, une adresse particulière.

De même que dans l’ouest de l’Ousagara, les habitations des Vouagogo sont disposées sur les quatre côtés d’une aire qu’elles entourent complètement, et sur laquelle ouvrent toutes les portes. C’est le tembé que nous retrouverons jusqu’au bord du lac Tanganika. Sur la terrasse qui en forme le toit, sont placés le grain, l’herbe, le tabac, les citrouilles et autres récoltes. La muraille extérieure a de petites ouvertures qui servent à la fois de judas et de meurtrières.

Dans l’Ougogo, la bâtisse en est fragile ; c’est un mince clayonnage recouvert de pisé, avec trois ou quatre pieux soutenant les poutrelles où s’appuient les solives qui portent la terrasse. Une balle de mousquet perce d’outre en outre ces frêles murailles, qui, dans l’Ouyanzi, où le bois de charpente est commun, ont une bien autre épaisseur et deviennent une véritable défense.

Chaque appartement, séparé du voisin par une cloison, abrite un ménage, dont les enfants couchent sur des pelleteries posées par terre. Le père de famille seul a une kitanda, sorte de lit fait d’une peau de bœuf ou de l’écorce du myombo, tendue sur un cadre, monté sur quatre pieds.

L’aire des chambres, composée d’argile battue, est d’une saleté repoussante, et imprégnée de l’odeur de toutes les abominations.