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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/300

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impossible, disait-il, de traverser le théâtre des hostilités sans être, enveloppé dans le conflit ; et il me pressait de pas aller plus loin. Je lui répondis que si le passage était fermé, je chercherais une autre ligne ; mais que je ne m’arrêterais pas. Je lui offris même de l’accompagner jusqu’à la frontière de l’Oufipa, d’où il pourrait aisément gagner le but de son voyage ; offre toute gratuite qui ne fut pas acceptée.

Il y avait alors quatorze jours que nous marchions au sud-ouest ; nous avions franchi dans ce sens plus d’un degré de latitude. Mon intention était de suivre cette ligne pendant quelque temps encore ; elle nous éloignait de Mirambo, et la route y était excellente. Mais l’état ou se trouvait le Mbogo nous obligeait à changer de direction. Après nous être consultés, Asmani et moi, il fut décidé que nous prendrions à l’ouest, en inclinant au nord, nous servant pour la marche des voies ouvertes par les éléphants, et des sentiers des indigènes frayés autour des villages.

Depuis la traversée du Gombé, nous étions dans l’Oukonongo.

Le lendemain de notre arrivée à Maréfou, nous nous jettions au couchant, à la vue de tous les villageois et de l’ambassadeur des Arabes, qui nous répéta jusqu’au dernier moment que nous courions à notre perte.

La marche dura huit heures, dans une forêt où la pêche sauvage est très-commune. L’arbre qui porte ce fruit, et qu’on appelle mbembou, ressemble beaucoup à un poirier. Il est très-productif ; je l’ai vu parfois chargé d’une récolte qui aurait empli au moins six ou sept boisseaux[1]. Le jour en question, je mangeai énormément de ces pêches. Tant qu’il y en a, celui qui voyage dans cette région est sûr de ne pas mourir de faim[2]. »

À la base d’une colline gracieuse, en forme de cône, se trouvait un village, dont notre subite apparition, au faîte de la montée, plongea les habitants dans la plus grande alarme. Je crus devoir tout d’abord envoyer quatre mètres d’étoffe au chef de ce village, qu’on appelle Outendé. Le chef, qui dans ce moment-lé était ivre, par conséquent disposé à l’insolence, refusa mon présent, à moins

  1. Aux États-Unis le boisseau pèse soixante livres, ce qui lui donne une contenance d’environ quatre décalitres. (Note du traducteur.)
  2. Forest peach, dit l’auteur ; mais ce n’est pas une pêche. Le capitaine Burton fait de ce fruit une espèce de nèfle, ce qui annoncerait plusieurs noyaux. Nous regrettons de n’avoir pas plus de détails, ce qui interdit toute discussion. Toutefois il n’est pas probable que ce soit non plus une véritable nèfle. Le docteur Kirk, très-compétent dans cette matière, a trouvé sur les bords de la Rovouma un fruit qu’il appelle nèfle d’Afrique, et dont l’arbre est un voangueira. (Note du traducteur.)