sur le consulat et sur plusieurs navires ; ils la reconnurent, et les cris de Bindera Kisoungou ! (la bannière d’un blanc !) Bindera mérikani ! (la bannière américaine !) dissipèrent tous les doutes.
Gens de dix provinces, Zanzibarites, indigènes et Arabes nous entourent et nous assourdissent de leurs Yambo bana ! yambo, yambo bana ! adressés à chacun de nous.
Trois cents mètres nous séparent encore du village. La foule augmente ; on se presse autour de moi. Tout à coup, au milieu des yambo, j’entends dire à ma droite :
« Good morning, sir ! »
Je tourne vivement la tête, cherchant qui a proféré ces paroles ; et je vois une figure du plus beau noir, celle d’un homme tout joyeux, portant une longue robe blanche, et coiffé d’un turban de calicot, un morceau de mérikani, autour de sa tête laineuse.
« Qui diable êtes-vous ? demandé-je.
— Je m’appelle Souzi ; le domestique du docteur Livingstone, dit-il avec un sourire qui découvrit une double rangée de dents éclatantes.
— Le docteur est ici ?
— Oui, monsieur.
— Dans le village ?
— Oui, monsieur.
— En êtes-vous bien sûr ?
— Très-sûr ; je le quitte à l’instant même.
— Good morning, sir, dit une autre voix.
— Encore un ! m’écriai-je.
— Oui, monsieur.
— Votre nom !
— Chumah.
— L’ami de Vouikotani ?
— Oui, monsieur.
— Le docteur va bien ?
— Non, monsieur.
— Où a-t-il été pendant si longtemps ?
— Dans le Manyéma.
— Souzi, allez prévenir le docteur.
— Oui, monsieur. » Et il partit comme une flèche.
Nous étions encore à deux cents pas ; la multitude nous empêchait d’avancer. Des Arabes et des Vouangouana écartaient les indigènes pour venir me saluer, car d’après eux j’étais un des