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Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/87

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abdomen, à mesure que le repas devenait plus copieux, et finalement tripler de volume. Ainsi repue, la mouche s’envola d’elle-même. Je relevai ma flanelle et découvris un peu au-dessus du genou gauche, une perle rouge posée sur l’incision. La perle essuyée, je vis la blessure ; elle était pareille à celle qu’aurait produite une fine aiguille, profondément enfoncée ; quant à la douleur, elle avait cessé ; avec le départ de l’insecte.,

Je pris alors une mouche de même espèce, afin de la comparer à la description de la tsétsé, telle que l’a donnée Livingstone. D’après le docteur, celle-ci « n’est pas beaucoup plus grande que la mouche domestique ; elle est à peu près de la même couleur que l’abeille, avec des raies jaunes sur les derniers anneaux. Elle a un bourdonnement particulier, qu’on n’oublie pas, et sa piqûre, mortelle pour le cheval, le bœuf, le mouton et le chien, est inoffensive pour les animaux sauvages, ainsi que pour l’homme. Posée sur la main, sa trompe se divise en trois filets ; celui du milieu s’insère dans la peau, se retire un peu, et rougit pendant que les mandibules, qui se sont mises à l’œuvre, agissent vivement. Il reste après la blessure une légère démangeaison[1] »

La mouche que j’étudiais alors est appelée mabounga par les indigènes. Elle est beaucoup plus grande que la mouche commune, sa taille (deux centimètres et demi) est d’un grand tiers plus forte que celle de l’abeille, et sa couleur est plus tranchée ; elle a la tête noire, à reflets verdâtres. Sur l’abdomen est une raie blanche, longitudinale, ayant de chaque côté deux autres raies, l’une d’un rouge cramoisi, l’autre d’un brun clair. Quant au bourdonnement, qui est celui d’une abeille, il n’a rien de particulier. Lorsque la mabounga est saisie, elle fait des efforts désespérés pour s’enfuir, mais ne cherche pas à vous piquer.

Cette mouche, ainsi que beaucoup d’autres, avait attaqué mon cheval gris aux jambes avec tant de cruauté que le malheureux paraissait avoir pris un bain de sang. Il est possible que voyant cela, j’aie apporté dans l’examen des lancettes du petit vampire un peu plus de rudesse que ne l’exigeait le besoin de la cause. Toujours est-il que j’ai longuement examiné l’appareil, et tout ce qui l’environne.

Je dirai donc que la tête du mabounga est une miniature de

  1. Voir Livingstone, Explorations dans l’intérieur de l’Afrique. Librairie Hachette, pages 92 et suivantes.