Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/105

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vis-à-vis de Mirambo. Celui-ci, non moins rusé qu’audacieux, voyant arriver les Arabes, avait donné l’ordre à ses troupes de se retirer lentement. Khamis, trompé par cette manœuvre, entraîna les siens à la poursuite de l’ennemi. Tout à coup, faisant volte-face, Mirambo jeta ses bandes, en un seul corps, sur le petit groupe qui arrivait. À ce retour imprévu, les gens de Khamis prirent la fuite, sans même regarder en arrière. Les sauvages entourèrent les Arabes. Khamis, qui marchait le premier, reçut une balle dans la jambe et tomba sur les genoux ; il s’aperçut alors de la désertion de ses esclaves. Malgré sa blessure il continua de tirer ; mais bientôt une balle lui traversa le cœur. En le voyant tomber, le petit Khamis s’écria : « Mon père adoptif est mort, je veux mourir avec lui. » Il se battit en désespéré et ne tarda pas à recevoir le coup mortel. Quelques minutes après, des cinq Arabes, pas un n’était vivant.

Tabora venait d’être livrée aux flammes, et ses habitants nous arrivaient de toute part. Voyant que mes hommes étaient disposés à se défendre, je fis percer des meurtrières dans les murailles de notre tembé de Couihara, bien résolu d’y attendre l’ennemi pour le canarder à l’abri de ses balles.

Le 25, j’ai appris que Mirambo s’était retiré et retranché dans Casima ; mais, quand les Arabes ont voulu l’y attaquer deux jours plus tard, Mirambo était décampé.

Beaucoup des traitants les plus influents parlent de retourner à Zanzibar, disant que le pays est ruiné. Je n’ai plus aucun respect pour eux.