Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/136

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eux les arbres ; où les branches enlacées ne permettent pas au jour d’éclairer le sol ; là se retire le lion, le plus puissant des animaux, leur monarque. Là son droit au rang suprême ne lui est pas contesté. Là il se couche et s’endort après avoir tué et s’être repu de chair et de sang. Là il se repose ou rampe à l’aventure, selon sa volonté souveraine… »

Le camp fut dressé à quelques pas de l’une de ces demeures royales. Tandis qu’on le fortifiait, l’homme qui était chargé de nos bêtes les conduisit à l’abreuvoir, et ne trouva pour gagner l’eau qu’un tunnel pratiqué dans la jungle par les éléphants et les rhinocéros. À peine la petite bande entrait-elle dans ce passage ténébreux qu’un léopard sauta à la gorge de l’un des ânes et s’y cramponna fortement. La douleur fit jeter à la victime des braiments effroyables, auxquels ceux des autres ânes se joignirent de telle sorte que l’agresseur lâcha prise et se sauva tout effaré. Les blessures du baudet, affreuses à voir, étaient néanmoins peu dangereuses.

Les habitants du Rousahoua, district du Cahouendi, forment une population très nombreuse et sont bons pour les étrangers. Ils en voient cependant bien rarement : c’est tout au plus s’ils ont chaque année la visite d’un ou deux hommes de la Mrima, qui passent en revenant du Pumbourou et du Sohoua. Ils ont en effet si peu d’ivoire à vendre que cela ne suffit pas à attirer les traitants sur cette route peu fréquentée.

L’état de guerre où se trouvait le pays m’avait fait penser à nous rendre droit au Tanguégnica ; néanmoins, après mûre délibération, mes notables affirmèrent qu’il