Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/138

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fissures, et à la base d’escarpements rougeâtres, où un peu de terrain avait glissé.

Une longue série de descentes, parmi des roches désagrégées et des blocs menaçants, nous menèrent au fond d’un ravin, dont les falaises se dressaient à plus de trois cents mètres au-dessus de nos têtes. Dans ses nombreux détours, la gorge s’élargit et se transforma en une plaine inclinée au couchant. Mais nous voulions aller au nord, et nous nous engageâmes dans une petite chaîne, où des rochers sourcilleux portaient des villages déserts.

Un grand figuier sycomore, qu’elle faisait paraître nain, s’élevait à côté d’une masse rocheuse de vingt-deux mètres de haut et quarante-cinq de diamètre ; ce fut là que nous nous arrêtâmes, après cinq heures et demie d’une marche rapide et continue. Il y avait alors vingt heures que mes gens avaient mangé leur dernier débris de viande, leur dernière poignée de grain. Je n’avais plus que sept cents grammes de farine. C’était peu de chose pour quarante-cinq affamés. Mais il me restait treize kilos de thé et neuf de sucre. Je commençai par mettre les chaudrons sur le feu. Pendant que l’eau chauffait, des groupes, détachés de la bande, coururent à la recherche des fruits sauvages et rapportèrent bientôt des panerées de tamarins et de pêches sauvages, auxquels s’ajouta pour chacun de mes hommes, un litre d’un excellent breuvage fortement sucré.

Le soir, dans une invocation faite à voix haute, nos musulmans prièrent Allah de leur envoyer des vivres.