Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/165

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représente, ou qu’on me l’avait décrit. Je ne voudrais blesser personne ; mais, quant au portrait qu’on m’avait tracé, c’est tout autre chose que j’ai eu sous les yeux. Je n’ai pas quitté Livingstone depuis le 10 novembre 1871, jusqu’au 14 mars 1872 ; rien de sa conduite ne m’a échappé, soit au camp, soit en marche ; et mon admiration pour lui n’a fait que grandir. Or, de tous les endroits, le camp de voyage est le meilleur pour étudier un homme. S’il est égoïste, emporté, bizarre ou mauvais coucheur, c’est là qu’il fera voir son côté faible et qu’il montrera ses lubies dans tout leur jour.


Livingstone écrivant son journal


À l’égard de ses travaux, l’énorme journal que j’ai rapporté à sa fille répond à ceux qui l’accusent de ne pas prendre de notes, de ne pas recueillir d’observations. Plus de vingt feuillets y sont consacrés aux seuls relèvements qu’il a faits dans le Mégnéma, et nombre de pages y sont couvertes de chiffres soigneusement alignés. Une lettre volumineuse, dont j’ai été chargé pour sir Thomas Mac Lear, ancien directeur de l’observatoire du Cap, n’était remplie que d’observations astronomiques. Quant à moi, pendant tout le temps que j’ai passé près de lui, j’ai vu chaque soir mon illustre compagnon relever ses notes avec la plus scrupuleuse attention ; et je lui connais une grande boîte de fer-blanc où sont des quantités de carnets, dont un jour il publiera le contenu. Enfin, ses cartes, faites avec beaucoup de soin, révèlent non moins de travail que d’habileté.

Pour son caractère, prenez-y le point que vous voudrez, analysez-le, et je vous défie d’y trouvez rien