Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/187

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doux et capiteux, quel présent funeste ! Souzi, l’inestimable adjoint du docteur, et Bombay, le chef de mes hommes, étaient chargés de veiller sur le canot ; imbibés de la fatale liqueur, ils dormirent d’un sommeil de plomb ; et le lendemain nous avions à déplorer la perte d’une foule de choses, qui, pour nous, étaient d’un prix inestimable ; entre autres, la ligne de sonde de mon compagnon, une ligne de seize cent soixante-trois mètres, cinq cents cartouches, faites pour mes propres armes, et quatre-vingt-dix balles de mousquet.

Outre ces objets indispensables dans une contrée hostile, on nous avait enlevé un sac de farine et tout le sucre du docteur.

Je me figure sans peine l’agréable surprise des filous au goût exquis du sucre, et leur étonnement à la vue des cartouches ; mais qui sait le résultat de leur trouvaille ? Cette caisse de munitions, entre leurs mains, a pu devenir la boîte de Pandore.

Depuis cette perte qui diminuait nos moyens de défense, nous évitions soigneusement les endroits mal famés.

Un soir, profitant d’un beau clair de lune, nous avions ramé jusqu’à huit heures pour gagner le cap Sentakeyi ; nous prîmes terre en un lieu désert, sur une langue de sable, adossée à une berge de deux à trois mètres de haut, et flanquée, de chaque côté, de masses rocheuses en désagrégation. Notre espoir était qu’en ne faisant pas de bruit nous resterions inaperçus, et qu’après un repos de quelques heures nous pourrions repartir sans avoir eu d’encombre.