Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/196

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Les provisions ne nous manquaient pas : Rouhinga nous avait fait présent de deux bœufs, son frère de même, et leurs femmes y avaient joint une quantité de lait et de beurre. Nous fîmes donc nos adieux au vieux chef et nous nous rembarquâmes le lendemain, 7 décembre.

Au nord-est du cap Cabogi, s’élèvent trois îlots rocheux où nous relâchâmes. Ce groupe solitaire, que les indigènes appellent Cavounvoué, devant être la seule découverte de notre excursion, le docteur nomma ces trois rochers Îlots du New York Herald. En confirmation de leur titre, nous y échangeâmes une poignée de main ; des calculs soigneusement faits établirent leur position par 3°41’ de latitude méridionale.

Nous vîmes bientôt le cap Louvoumba, projection inclinée de la montagne, qui s’avance très loin dans le lac. Menacés par la tempête, nous nous arrêtâmes près de cette grande pointe, au fond d’une crique paisible, et, traînant la pirogue sur la grève, nous nous y établîmes pour y passer la nuit. Il y avait bien un village en face, mais les habitants avaient l’air doux et poli. Rien ne nous faisait supposer qu’ils pussent nous être hostiles. Après le déjeuner, j’allai faire ma sieste, ainsi que j’en avais l’habitude, quand je n’en étais pas empêché.

J’étais plongé dans un profond sommeil, rêvant de toute autre chose que d’agression, lorsque je m’entendis appeler. « Maître, maître ! criait-on auprès de moi ; levez-vous bien vite, on va se battre. »

Je sautai sur mes revolvers et n’eus qu’à sortir de