Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/210

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par le voisinage de l’ignoble delta du Loadjéri, dont la vue suffisait pour donner des nausées.

Le 7 janvier, la caravane tout entière se remit en marche du côté du levant. Pour moi c’était revenir au pays ; cependant je n’étais pas sans regrets. J’avais eu du plaisir, même du bonheur sur ces rives, où j’avais trouvé le compagnon le plus aimable.

Nous nous étions engagés dans une étroite vallée qui se rétrécit jusqu’à n’être plus qu’un ravin, où le Loadjéri se précipitait en rugissant et se ruait avec tant de force que l’air en était ébranlé au point de rendre la respiration difficile. Nous étouffions dans cette gorge, lorsque heureusement le sentier gravit un mamelon, gagna une terrasse, puis une colline, enfin, une montagne, où nous fîmes halte. Tandis que nous cherchions un endroit pour y camper, le docteur, sans rien dire, me montra quelque chose ; un silence de mort se fit immédiatement parmi nos hommes. La quinine, que j’avais prise le matin, me donnait le vertige, mais un mal plus grand était à craindre : nous manquions de vivres et, bien que tremblant sous le poids du raïfle, je me glissai vers la place que m’indiquait Livingstone.

J’arrivai ainsi au bord d’un ravin, dont un buffle escaladait le versant opposé. C’était une femelle ; parvenue au sommet de la pente, elle se retourna pour voir l’ennemi qu’elle avait flairé ; au même instant, ma balle l’atteignit au défaut de l’épaule et lui arracha un profond mugissement. « Bien touché ! s’écria le docteur. La blessure est grave, ce cri l’annonce. » Et nos hommes poussèrent des cris de joie à cette perspective