Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, version abrégée Belin de Launay, 1876.djvu/218

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homme, du premier jusqu’au dernier. Bientôt mon âne se mit à ruer avec fureur, et je compris la débandade en me trouvant au milieu d’une nuée d’abeilles, dont trois ou quatre se posèrent tout à coup sur mon visage et me piquèrent horriblement. Ce fut pendant quelques minutes une course folle de la part des gens, non moins que des bêtes.

Craignant que Livingstone n’eût de la peine à nous suivre, car il avait encore les pieds malades, et l’étape, ce jour-là, était d’une longueur exceptionnelle, je lui envoyai quatre hommes avec la civière. Mais le vieux héros ne voulut jamais se laisser porter ; et il arriva bravement, ayant fait ses vingt-neuf kilomètres. Les abeilles s’étaient abattues dans ses cheveux, il avait la tête et le coup dans un état pitoyable, mais, quand il eut pris sa tasse de thé, il fut d’aussi belle humeur que s’il n’avait eu ni fatigue ni souffrance.

Le 31 janvier, nous étions à Mouéra, dont Ka-Mirambo est le chef. Nous y rencontrâmes une caravane dirigée par un esclave de Séid ben Habib. Cet esclave vint nous faire une visite à notre boma, qui était dissimulé au fond d’une jungle épaisse.

Quand le visiteur eut pris le café, je lui demandai quelles nouvelles il apportait du Gnagnembé.

« De très bonnes, répondit-il.

– Où en est la guerre ?

– En bon train. Ah ! Mirambo ! Où en est-il à présent ? Réduit à manger le cuir de la bête ; on le tient par la famine. Séid ben Habib s’est emparé de Kirira. Les Arabes font leur tonnerre aux portes d’Ouillancourou. Séid ben Medjid, qui est arrivé de Djidji