sculpture parlent beaucoup plus facilement à l’imagination du plus grand nombre : quant à l’architecture, elle a beau savoir faire grand, elle n’est pas appréciée davantage ; et surtout, en s’adonnant à la pratique de cet art, on réussit bien rarement à acquérir cette renommée dont les cent bouches donnent à un citoyen l’immortalité. Combien de Parisiens, choisis parmi les plus éclairés, sauraient dire, sans hésiter, de quelles constructions ornèrent leur ville Mansart, Gabriel et Visconti ? Le snobisme s’est emparé du Mont-Saint-Michel ; il dédaignera toujours les constructeurs de cette merveille. Hector Sohier, l’éminent architecte de Saint-Pierre de Caen, Jean Langlois, à qui nous devons cette délicieuse église Saint-Urbain de Troyes, Pierre Obreri, l’un des grands architectes du Palais des Papes, portent des noms auxquels le voyageur reste indifférent. Pourquoi cette exclusion ? Et n’est-il pas temps de protester en rappelant au bref la part de gloire dont la France est redevable à tant d’hommes méconnus, qui devraient être célèbres ?
La France a eu l’heureuse fortune de créer, en plein moyen âge, des chefs-d’œuvre d’architecture qui, malgré les mutilations et les restaurations ultérieures, attestent l’effort constant de plusieurs générations d’inventeurs incomparables ; qui, malgré les divergences d’écoles et les exigences des lati-