hostilité et des préjugés que l’on adoptait sans oser les combattre. Furetière et le Dictionnaire de Trévoux le déclarent apporté du Nord par les Goths au ve siècle. Molière se fait l’écho des sentiments de ses contemporains quand il écrit :
…… Le fade goût des ornements gothiques,
Ces monstres odieux des siècles ignorants
Que de la barbarie ont produit les torrents.
Dans une Histoire des arts qui ont rapport au dessin, parue en 1698, Monier ne dédaigne pas tout à fait les artistes primitifs, et avoue l’impression que fait sur lui Notre-Dame de Paris, en dépit du « méchant goût gothique » qui y règne. Au xviiie siècle, nos vieilles cathédrales ne trouvent pas de défenseurs ; Winckelmann et Quatremère de Quincy se refusent à les admirer. Le premier peut-être, en 1801, dans une page célèbre de son Génie du christianisme, Chateaubriand apporte une note nouvelle, mais restée sans grand écho, et en 1829, à la veille de la publication de Notre-Dame de Paris, on témoigne encore quelque dédain à « ce genre singulier d’architecture ». Des hommes de grand talent, Montalembert, Lassus, auteur d’un livre sur le « vandalisme », puis Mérimée, Vitet, de Caumont et Viollet-le-Duc, ont surtout contribué au revirement qui s’est accompli peu à peu dans l’esprit public, et il n’est personne aujourd’hui qui accepterait de soutenir ces vieilles théories : en dépit de son nom, impossible à changer désormais, tant il est consacré par l’usage, l’architecture