gothique est une architecture essentiellement française, ayant pris naissance dans le domaine royal, au cœur du royaume, vers le milieu du xiie siècle.
Longtemps on a considéré l’arc brisé ou en tiers-point comme le caractère spécial et distinctif de l’architecture gothique. Ce fut là une grave erreur, l’arc brisé ayant été adopté dans des édifices dont tous les autres éléments appartiennent à l’époque romane. Les signes certains de cette nouvelle architecture sont bien plutôt : la croisée d’ogives, l’arc-boutant et un nouveau mode de décoration ornementale. La voûte sur croisée d’ogives tire son appellation des nervures diagonales qui la supportent : c’est là son caractère essentiel et fondamental, qui se généralisa vite. On voit alors, dirons-nous avec Auguste Choisy, l’architecture prendre des allures libres inconnues à l’époque romane ; la structure nouvelle est le triomphe de la logique dans l’art ; l’édifice devient un être organisé où chaque partie constitue un membre, ayant sa forme réglée non plus sur des modèles traditionnels, mais sur sa fonction, et seulement sur sa fonction. Les nervures localisèrent les poussées des voûtes sur les murailles, d’où une double modification : tandis qu’à l’intérieur le mur plein de la nef romane, devenu inutile, fait place à une claire-voie, des arcs-boutants dont la puissance égale l’élégance permettent de rejeter hors de l’édifice toutes les culées, et faciliteront l’étonnante élévation des voûtes. En même temps les supports qui servent de retombées aux nervures de la voûte forment un magnifique faisceau de colonnettes agglomérées qui donnent