tuteurs parfois gigantesques jetés au-dessus des bas-côtés au travers du vide, qui dans leur tranquille majesté viennent étayer les murs de la nef et du chœur à la retombée des voûtes. Ce système a permis d’imaginer des courbes et contre-courbes d’une souveraine harmonie, de percer d’immenses fenêtres où le génie du moyen âge, à l’aide du seul compas, a combiné d’adroits éclairages tamisés par d’admirables vitraux, de réduire par des combinaisons aussi originales que fécondes les supports de ces immenses vaisseaux où l’on ne peut pénétrer, suivant le mot de Chateaubriand, sans éprouver une sorte de frissonnement et un sentiment vague de la Divinité.
Dans cet enchaînement rigoureux d’efforts puissants où contingences et individualités jouèrent un rôle considérable, diverses écoles ont créé des styles bien définis. Le monument-type dont nous venons d’indiquer les grandes lignes appartient à l’école de l’Île-de-France et de la Picardie, la mieux proportionnée et la plus pure. En Normandie les monuments affectent des formes plus sèches et plus anguleuses avec une ornementation plus géométrique et une sculpture généralement plus monotone, au xiiie siècle du moins. En Bourgogne, des architectes n’ont pas craint de conserver certaines idées de l’époque romane, et très minime est leur hardiesse dans la construction de l’arc-boutant, dans l’élargissement des fenêtres, dans le développement des chapelles rayonnantes. Tenant le milieu entre les procédés de l’Île-de-France et de la Bourgogne, l’école champenoise se distingue surtout par l’alternance des piles et