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Page:Stendhal, De l’amour, Lévy, 1853.djvu/19

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XIII
DE L’AMOUR.

pis et cent fois tant pis pour ce grand poëte. De nos jours, le génie a des ménagements pour des êtres auxquels il ne devrait jamais songer sous peine de déroger.

La vie laborieuse, active, tout estimable, toute positive, d’un conseiller d’État, d’un manufacturier de tissus de coton ou d’un banquier fort alerte pour les emprunts, est récompensée par des millions, et non par des sensations tendres. Peu à peu le cœur de ces messieurs s’ossifie ; le positif et l’utile sont tout pour eux, et leur âme se ferme à celui de tous les sentiments qui a le plus grand besoin de loisir, et qui rend le plus incapable de toute occupation raisonnable et suivie.

Toute cette préface n’est faite que pour crier que ce livre-ci a le malheur de ne pouvoir être compris que par des gens qui se sont trouvé le loisir de faire des folies. Beaucoup de personnes se tiendront pour offensées, et j’espère qu’elles n’iront pas plus loin.