Page:Stendhal, De l’amour, Lévy, 1853.djvu/203

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DE L’AMOUR. 173 gneur Guillaume et de la femme que Raymond avait aussi laide- ment mise à mort. Ils lui firent la guerre à feu et à sang. Le roi Alphonse d’Aragon ayant pris le château de Raymond, il fit placer Guillaume et sa dame dans un monument devant la porte de l'église d’un bourg nommé Perpignac. Tous les parfaits amants, toutes les parfaites amantes prièrent Dieu pour leurs âmes. Le roi d'Aragon prit Raymond, le fit mourir en prison et donna tous ses biens aux parents de Guillaume et aux parents de la femme qui mourut pour lui. » CHAPITRE LUI. l’âbabie. C’est sous la tente noirâtre de TArabe-Rëdouin quMl faut cher- cher le modèle et la patrie du véritable amour. Là, comme ail- leurs, la solitude et un beau climat ont fait naître la plus noble des passions du coeur humain, celle qui, pour trouver le bon- heur» a besoin de Ij^spirer au même degré qu’eUe le sent. Il fallait pour que Tamour parût tout ce qu il peut être dans le cœur de Thomme, que Tégalité entre la maîtresse et son amant fût établie autant que possible. Elle n’existe point, cett^ égalité, dans notre triste Occident : une femme quittée est mal- heureuse ou déshonorée. Sous la tente de l’Arabe, la foi don- née ne peut pas se violer. Le mépris et la mort suivent immé- diatement ce crime. La générosité est si sacrée chez ce peuple qu’il est permis de voler ^ouT donner. D’ailleurs les dangers y sont de tous les jours, et la vie s’écoule toute,* pour ainsi dire, dans une solitude pas- sionnée. Même réunis, les Arabes parlent peu.