Page:Stendhal - Écoles italiennes de peinture, I, 1932, éd. Martineau.djvu/217

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où l’imagination a si peu de part, on trouve que les figures sont représentées d’une manière avantageuse telle que la nature l’offre rarement ; cette partie a manqué à de très grands peintres. Le Dominiquin, par exemple, aurait une réputation encore plus grande si une imagination forte lui eût fourni des sujets de tableaux.

Il est facile de voir que l’idéal entre dans le caractère des figures, dans leur position, dans l’air des têtes, dans les mouvements, dans les gestes des mains ; enfin, dans toutes les parties d’un tableau, même dans le chien que le Corrège a placé sur le premier plan de sa fameuse Nuit ; le naturel et la simplicité que cette figure répand dans le tableau en rendent l’effet plus touchant. On peut désirer plus d’idéal dans la composition de presque tous les grands peintres d’Italie ; on retombe aujourd’hui dans un défaut contraire ; on cherche l’idéal sans avoir assemblé sur la nature un nombre suffisant d’observations. C’est un imprimeur qui veut composer une ligne et qui n’a point de caractères dans ses cases. Il doit arriver alors que la plupart des tableaux d’une école présentent toujours dans des situations analogues les mêmes gestes, lesquels, pour la plupart