Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/107

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temps eût été si fier, savoir qu’il était fils d’un capitaine célèbre par ses aventures, et que lui-même avait déjà marqué par sa bravoure dans plus d’un combat. Il croyait toujours entendre les réflexions que ces faits inspireraient au vieux Campireali. Il faut savoir qu’au quinzième siècle les jeunes filles, plus voisines du bon sens républicain, estimaient beaucoup plus un homme pour ce qu’il avait fait lui-même que pour les richesses amassées par ses pères ou pour les actions célèbres de ceux-ci. Mais c’étaient surtout les jeunes filles du peuple qui avaient ces pensées. Celles qui appartenaient à la classe riche ou noble avaient peur des brigands, et, comme il est naturel, tenaient en grande estime la noblesse et l’opulence. Jules finissait sa lettre par ces mots : « Je ne sais si les habits convenables que j’ai rapportés de Rome vous auront fait oublier la cruelle injure qu’une personne que vous respectez m’adressa naguère, à l’occasion de ma chétive apparence ; j’ai pu me venger, je l’aurais dû, mon honneur le commandait ; je ne l’ai point fait en considération des larmes que ma vengeance aurait coûté à des yeux que j’adore. Ceci peut vous prouver, si, pour mon malheur, vous en doutiez encore, qu’on peut être très pauvre et avoir des