Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/111

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ces sentiments dont l’espérance fait ma vie. Vous me croyez pauvre ; ce n’est pas tout : je suis brigand et fils de brigand.

À ces mots, Hélène, fille d’un homme riche et qui avait toutes les peurs de sa caste, sentit qu’elle allait se trouver mal ; elle craignit de tomber. « Quel chagrin ne sera-ce pas pour ce pauvre Jules ! pensait-elle : il se croira méprisé. » Il était à ses genoux. Pour ne pas tomber, elle s’appuya sur lui, et, peu après, tomba dans ses bras comme sans connaissance. Comme on voit, au seizième siècle, on aimait l’exactitude dans les histoires d’amour. C’est que l’esprit ne jugeait pas ces histoires-là, l’imagination les sentait, et la passion du lecteur s’identifiait avec celle des héros. Les deux manuscrits que nous suivons, et surtout celui qui présente quelques tournures de phrases particulières au dialecte florentin, donnent dans le plus grand détail l’histoire de tous les rendez-vous qui suivirent celui-ci. Le péril ôtait les remords à la jeune fille. Souvent les périls furent extrêmes ; mais ils ne firent qu’enflammer ces deux cœurs pour qui toutes les sensations provenant de leur amour étaient du bonheur. Plusieurs fois Fabio et son père furent sur le point de les surprendre. Ils étaient furieux, se croyant bravés : le bruit public leur