Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/126

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première fois de sa vie, Jules le trouva ivre de colère ; il croyait le voir transporté de joie, à cause de la victoire, qui était complète et due toute entière à ses bonnes dispositions ; car les Orsini avaient près de trois mille hommes, et Fabrice, à cette affaire, n’en avait pas réuni plus de quinze cents.

— Nous avons perdu votre brave ami Ranuce ! s’écria le prince en parlant à Jules, je viens moi-même de toucher son corps ; il est déjà froid. Le pauvre Balthazar Bandini est mortellement blessé. Ainsi, au fond, nous n’avons pas réussi. Mais l’ombre du brave capitaine Ranuce paraîtra bien accompagnée devant Pluton. J’ai donné l’ordre que l’on pende aux branches des arbres tous ces coquins de prisonniers. N’y manquez pas, messieurs ! s’écria-t-il en haussant la voix.

Et il repartit au galop pour l’endroit où avait eu lieu le combat d’avant-garde. Jules commandait à peu près en second la compagnie de Ranuce ; il suivit le prince, qui, arrivé près du cadavre de ce brave soldat, qui gisait entouré de plus de cinquante cadavres ennemis, descendit une seconde fois de cheval pour prendre la main de Ranuce. Jules l’imita, il pleurait.

— Tu es bien jeune, dit le prince à