Aller au contenu

Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

usage que celle de ces dames que le pape nommait abbesse, sur une liste de trois noms présentée par le cardinal protecteur de l’ordre de la Visitation, fît une offrande considérable, destinée à éterniser son nom. Celle dont l’offrande était inférieure au cadeau de l’abbesse qui l’avait précédée était méprisée, ainsi que sa famille.

Jules s’avança en tremblant dans cet édifice magnifique, resplendissant de marbres et de dorures. À la vérité, il ne songeait guère aux marbres et aux dorures ; il lui semblait être sous les yeux d’Hélène. Le grand autel, lui dit-on, avait coûté plus de huit cent mille francs ; mais ses regards, dédaignant les richesses du grand autel, se dirigeaient sur une grille dorée, haute de près de quarante pieds, et divisée en trois parties par deux pilastres en marbre. Cette grille, à laquelle sa masse énorme donnait quelque chose de terrible, s’élevait derrière le grand autel, et séparait le chœur des religieuses de l’église ouverte à tous les fidèles.

Jules se disait que derrière cette grille dorée se trouvaient, durant les offices, les religieuses et les pensionnaires. Dans cette église intérieure pouvait se rendre à toute heure du jour une religieuse ou une pensionnaire qui avait besoin de prier ;