Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/154

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danger de sa position ; son sort dépendait du hasard qui pouvait dicter un mot à la signora de Campireali. La nuit suivante il parla ainsi d’un air résolu :

— Demain je viendrai de meilleure heure, je détacherai une des barres de cette grille, vous descendrez dans le jardin, je vous conduirai dans une église de la ville, où un prêtre à moi dévoué nous mariera. Avant qu’il ne soit jour, vous serez de nouveau dans ce jardin. Une fois ma femme, je n’aurai plus de crainte, et, si votre mère l’exige comme une expiation de l’affreux malheur que nous déplorons tous également, je consentirai à tout, fût-ce même à passer plusieurs mois sans vous voir.

Comme Hélène paraissait consternée de cette proposition, Jules ajouta :

— Le prince me rappelle auprès de lui ; l’honneur et toutes sortes de raisons m’obligent à partir. Ma proposition est la seule qui puisse assurer notre avenir ; si vous n’y consentez pas, séparons-nous pour toujours, ici, dans ce moment. Je partirai avec le remords de mon imprudence. J’ai cru à votre parole d’honneur, vous êtes infidèle au serment le plus sacré, et j’espère qu’à la longue le juste mépris inspiré par votre légèreté pourra me guérir de cet amour qui depuis trop longtemps fait le malheur de ma vie.