Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/183

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— Vous aimez encore l’assassin de votre frère ?

— J’aime mon époux, qui, pour mon éternel malheur, a été attaqué par mon frère.

Après ces mots, il n’y eut plus une seule parole échangée entre la signora de Campireali et sa fille pendant les trois journées que la signora passa encore au couvent.

Le lendemain de son départ, Hélène réussit à s’échapper, profitant de la confusion qui régnait aux deux portes du couvent par suite de la présence d’un grand nombre de maçons qu’on avait introduits dans le jardin et qui travaillaient à y élever de nouvelles fortifications. La petite Marietta et elle s’étaient déguisées en ouvriers. Mais les bourgeois faisaient une garde sévère aux portes de la ville. L’embarras d’Hélène fut assez grand pour sortir. Enfin, ce même petit marchand qui lui avait fait parvenir les lettres de Branciforte consentit à la faire passer pour sa fille et à l’accompagner jusque dans Albano. Hélène y trouva une cachette chez sa nourrice, que ses bienfaits avaient mise à même d’ouvrir une petite boutique. À peine arrivée, elle écrivit à Branciforte, et la nourrice trouva, non sans de grandes peines, un homme qui voulut bien se hasarder à s’enfoncer dans la forêt de la Faggiola, sans avoir le mot d’ordre des soldats de Colonna.