Page:Stendhal - Chroniques italiennes, I, 1929, éd. Martineau.djvu/217

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« Quand on se parle sur ce ton, c’est qu’il y a bien longtemps que l’on fait l’amour ensemble. En effet, monseigneur l’évêque, ordinairement remarquable par l’excès de sa suffisance, avait, en sortant de l’église, l’air tout penaud. »

L’une des religieuses, interrogée en présence de l’instrument des tortures, répond que l’auteur du crime doit être le chat, parce que l’abbesse le tient continuellement dans ses bras et le caresse beaucoup. Une autre religieuse prétend que l’auteur du crime devait être le vent, parce que, les jours où il fait du vent, l’abbesse est heureuse et de bonne humeur, elle s’expose à l’action du vent sur un belvédère qu’elle a fait construire exprès ; et, quand on va lui demander une grâce en ce lieu, jamais elle ne la refuse. La femme du boulanger, la nourrice, les commères de Montefiascone, effrayées par les tortures qu’elles avaient vu infliger à César, disent la vérité.

Le jeune évêque était malade ou faisait le malade à Ronciglione, ce qui donna l’occasion à ses frères, soutenus par le crédit et par les moyens d’influence de la signora de Campireali, de se jeter plusieurs fois aux pieds du pape, et de lui demander que la procédure fût suspendue jusqu’à ce que l’évêque eût recouvré sa santé. Sur quoi le terrible cardinal Farnèse augmenta